La Vierge Marie
Catéchisme de l'Église Catholique
I. Conçu du Saint-Esprit...

485
La mission de l’Esprit Saint est toujours conjointe et ordonnée à celle du Fils
(cf. Jn 16, 14-15). L’Esprit Saint est envoyé pour sanctifier le sein de la
Vierge Marie et la féconder divinement, lui qui est " le Seigneur qui
donne la Vie ", en faisant qu’elle conçoive le Fils éternel du Père dans
une humanité tirée de la sienne.
486
Le Fils unique du Père en étant conçu comme homme dans le sein de la Vierge
Marie est " Christ ", c’est-à-dire oint par l’Esprit Saint (cf. Mt 1,
20 ; Lc 1, 35), dès le début de son existence humaine, même si sa manifestation
n’a lieu que progressivement : aux bergers (cf. Lc 2, 8-20), aux mages (cf. Mt
2, 1-12), à Jean-Baptiste (cf. Jn 1, 31-34), aux disciples (cf. Jn 2, 11).
Toute la vie de Jésus-Christ manifestera donc " comment Dieu l’a oint
d’Esprit et de puissance " (Ac 10, 38).
II.
... Né de la Vierge Marie
487
Ce que la foi catholique croit au sujet de Marie se fonde sur ce qu’elle croit
au sujet du Christ, mais ce qu’elle enseigne sur Marie éclaire à son tour sa
foi au Christ.
La
prédestination de Marie
488
" Dieu a envoyé son Fils " (Ga 4, 4), mais pour lui " façonner
un corps " (cf. He 10, 5) il a voulu la libre coopération d’une créature.
Pour cela, de toute éternité, Dieu a choisi, pour être la Mère de Son Fils, une
fille d’Israël, une jeune juive de Nazareth en Galilée, " une vierge
fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David, et le nom de la
vierge était Marie " (Lc 1, 26-27) :
Le
Père des miséricordes a voulu que l’Incarnation fût précédée par une
acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que, une femme ayant
contribué à l’œuvre de mort, de même une femme contribuât aussi à la vie (LG 56
; cf. 61).
489
Tout au long de l’Ancienne Alliance, la mission de Marie a été préparée par
celle de saintes femmes. Tout au commencement, il y a Eve : malgré sa
désobéissance, elle reçoit la promesse d’une descendance qui sera victorieuse
du Malin (cf. Gn 3, 15) et celle d’être la mère de tous les vivants (cf. Gn 3,
20). En vertu de cette promesse, Sara conçoit un fils malgré son grand âge (cf.
Gn 18, 10-14 ; 21, 1-2). Contre toute attente humaine, Dieu choisit ce qui
était tenu pour impuissant et faible (cf. 1 Co 1, 27) pour montrer sa fidélité
à sa promesse : Anne, la mère de Samuel (cf. 1 S 1), Débora, Ruth, Judith et
Esther, et beaucoup d’autres femmes. Marie " occupe la première place
parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut
de lui avec confiance. Avec elle, la fille de Sion par excellence, après la
longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure
l’économie nouvelle " (LG 55).
L’Immaculée
Conception
490
Pour être la Mère du Sauveur, Marie " fut pourvue par Dieu de dons à la
mesure d’une si grande tâche " (LG 56). L’ange Gabriel, au moment de
l’Annonciation la salue comme " pleine de grâce " (Lc 1, 28). En
effet, pour pouvoir donner l’assentiment libre de sa foi à l’annonce de sa
vocation, il fallait qu’elle soit toute portée par la grâce de Dieu.
491
Au long des siècles l’Église a pris conscience que Marie, " comblée de
grâce " par Dieu (Lc 1, 28), avait été rachetée dès sa conception. C’est
ce que confesse le dogme de l’Immaculée Conception, proclamé en 1854 par le
pape Pie IX :
La
bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une
grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de
Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du
péché originel (DS 2803).
492
Cette " sainteté éclatante absolument unique " dont elle est "
enrichie dès le premier instant de sa conception " (LG 56) lui vient tout
entière du Christ : elle est " rachetée de façon éminente en considération
des mérites de son Fils " (LG 53). Plus que toute autre personne créée, le
Père l’a " bénie par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux
cieux, dans le Christ " (Ep 1, 3). Il l’a " élue en Lui, dès avant la
fondation du monde, pour être sainte et immaculée en sa présence, dans l’amour
" (cf. Ep 1, 4).
493
Les Pères de la tradition orientale appellent la Mère de Dieu " la Toute
Sainte " (Panaghia), ils la célèbrent comme " indemne de toute tache
de péché, ayant été pétrie par l’Esprit Saint, et formée comme une nouvelle
créature " (LG 56). Par la grâce de Dieu, Marie est restée pure de tout
péché personnel tout au long de sa vie.
"
Qu’il me soit fait selon ta parole... "
494 A
l’annonce qu’elle enfantera " le Fils du Très Haut " sans connaître
d’homme, par la vertu de l’Esprit Saint (cf. Lc 1, 28-37), Marie a répondu par
" l’obéissance de la foi " (Rm 1, 5), certaine que " rien n’est
impossible à Dieu " : " Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne
selon ta parole " (Lc 1, 37-38). Ainsi, donnant à la parole de Dieu son
consentement, Marie devint Mère de Jésus et, épousant à plein cœur, sans que
nul péché la retienne, la volonté divine de salut, se livra elle-même
intégralement à la personne et à l’œuvre de son Fils, pour servir, dans sa
dépendance et avec lui, par la grâce de Dieu, au mystère de la Rédemption (cf.
LG 56) :
Comme
dit S. Irénée, " par son obéissance elle est devenue, pour elle-même et
pour tout le genre humain, cause de salut " (Hær. 3, 22, 4). Aussi, avec
lui, bon nombre d’anciens Pères disent : " Le nœud dû à la désobéissance
d’Eve, s’est dénoué par l’obéissance de Marie ; ce que la vierge Eve avait noué
par son incrédulité, la Vierge Marie l’a dénoué par sa foi " (cf. ibid.) ;
comparant Marie avec Eve, ils appellent Marie " la Mère des vivants "
et déclarent souvent : " par Eve la mort, par Marie la vie " (LG 56).
La
maternité divine de Marie
495
Appelée dans les Évangiles " la mère de Jésus " (Jn 2, 1 ; 19, 25 ;
cf. Mt 13, 55), Marie est acclamée, sous l’impulsion de l’Esprit, dès avant la
naissance de son fils, comme " la mère de mon Seigneur " (Lc 1, 43).
En effet, Celui qu’elle a conçu comme homme du Saint-Esprit et qui est devenu
vraiment son Fils selon la chair, n’est autre que le Fils éternel du Père, la
deuxième Personne de la Sainte Trinité. L’Église confesse que Marie est
vraiment Mère de Dieu (Theotokos) (cf. DS 251).
La
virginité de Marie
496
Dès les premières formulations de la foi (cf. DS 10-64), l’Église a confessé
que Jésus a été conçu par la seule puissance du Saint-Esprit dans le sein de la
Vierge Marie, affirmant aussi l’aspect corporel de cet événement : Jésus a été
conçu " de l’Esprit Saint sans semence virile " (Cc. Latran en 649 :
DS 503). Les Pères voient dans la conception virginale le signe que c’est
vraiment le Fils de Dieu qui est venu dans une humanité comme la nôtre :
Ainsi,
S. Ignace d’Antioche (début IIe siècle) : " Vous êtes fermement convaincus
au sujet de notre Seigneur qui est véritablement de la race de David selon la
chair (cf. Rm 1, 3), Fils de Dieu selon la volonté et la puissance de Dieu (cf.
Jn 1, 13), véritablement né d’une vierge, (...) il a été véritablement cloué
pour nous dans sa chair sous Ponce Pilate (...) il a véritablement souffert,
comme il est aussi véritablement ressuscité " (Smyrn. 1-2).
497
Les récits évangéliques (cf. Mt 1, 18-25 ; Lc 1, 26-38) comprennent la
conception virginale comme une œuvre divine qui dépasse toute compréhension et
toute possibilité humaines (cf. Lc 1, 34) : " Ce qui a été engendré en
elle vient de l’Esprit Saint ", dit l’ange à Joseph au sujet de Marie, sa
fiancée (Mt 1, 20). L’Église y voit l’accomplissement de la promesse divine
donnée par le prophète Isaïe : " Voici que la vierge concevra et enfantera
un fils " (Is 7, 14, d’après la traduction grecque de Mt 1, 23).
498
On a été parfois troublé par le silence de l’Évangile de S. Marc et des Épîtres
du Nouveau Testament sur la conception virginale de Marie. On a aussi pu se
demander s’il ne s’agissait pas ici de légendes ou de constructions
théologiques sans prétentions historiques. A quoi il faut répondre : La foi en
la conception virginale de Jésus a rencontré vive opposition, moqueries ou
incompréhension de la part des non-croyants, juifs et païens (cf. S. Justin,
dial. 66, 67 ; Origène, Cels. 1, 32. 69 ; e.a.) : elle n’était pas motivée par
la mythologie païenne ou par quelque adaptation aux idées du temps. Le sens de cet
événement n’est accessible qu’à la foi qui le voit dans ce " lien qui
relie les mystères entre eux " (DS 3016), dans l’ensemble des mystères du
Christ, de son Incarnation à sa Pâque. S. Ignace d’Antioche témoigne déjà de ce
lien : " Le prince de ce monde a ignoré la virginité de Marie et son
enfantement, de même que la mort du Seigneur : trois mystères retentissants qui
furent accomplis dans le silence de Dieu " (Eph. 19, 1 ; cf. 1 Co 2, 8).
Marie
– " toujours Vierge "
499
L’approfondissement de sa foi en la maternité virginale a conduit l’Église à
confesser la virginité réelle et perpétuelle de Marie (cf. DS 427) même dans
l’enfantement du Fils de Dieu fait homme (cf. DS 291 ; 294 ; 442 ; 503 ; 571 ;
1880). En effet la naissance du Christ " n’a pas diminué, mais consacré
l’intégrité virginale " de sa mère (LG 57). La liturgie de l’Église
célèbre Marie comme la Aeiparthenos, " toujours vierge " (cf. LG 52).
500 A
cela on objecte parfois que l’Écriture mentionne des frères et sœurs de Jésus
(cf. Mc 3, 31-35 ; 6, 3 ; 1 Co 9, 5 ; Ga 1, 19). L’Église a toujours compris
ces passages comme ne désignant pas d’autres enfants de la Vierge Marie : en
effet Jacques et Joseph, " frères de Jésus " (Mt 13, 55), sont les fils
d’une Marie disciple du Christ (cf. Mt 27, 56) qui est désignée de manière
significative comme " l’autre Marie " (Mt 28, 1). Il s’agit de
proches parents de Jésus, selon une expression connue de l’Ancien Testament
(cf. Gn 13, 8 ; 14, 16 ; 29, 15 ; etc.).
501
Jésus est le Fils unique de Marie. Mais la maternité spirituelle de Marie (cf.
Jn 19, 26-27 ; Ap 12, 17) s’étend à tous les hommes qu’il est venu sauver :
" Elle engendra son Fils, dont Dieu a fait ‘l’aîné d’une multitude de
frères’ (Rm 8, 29), c’est-à-dire de croyants, à la naissance et à l’éducation
desquels elle apporte la coopération de son amour maternel " (LG 63).
La
maternité virginale de Marie dans le dessein de Dieu
502
Le regard de la foi peut découvrir, en lien avec l’ensemble de la Révélation, les
raisons mystérieuses pour lesquelles Dieu, dans son dessein salvifique, a voulu
que son Fils naisse d’une vierge. Ces raisons touchent aussi bien la personne
et la mission rédemptrice du Christ que l’accueil de cette mission par Marie
pour tous les hommes :
503
La virginité de Marie manifeste l’initiative absolue de Dieu dans
l’Incarnation. Jésus n’a que Dieu comme Père (cf. Lc 2, 48-49). " La
nature humaine qu’il a prise ne l’a jamais éloigné du Père (...) ;
naturellement Fils de son Père par sa divinité, naturellement fils de sa mère
par son humanité, mais proprement Fils de Dieu dans ses deux natures "
(Cc. Frioul en 796 : DS 619).
504
Jésus est conçu du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie parce qu’il est
le Nouvel Adam (cf. 1 Co 15, 45) qui inaugure la création nouvelle : " Le
premier homme, issu du sol, est terrestre ; le second homme, lui, vient du ciel
" (1 Co 15, 47). L’humanité du Christ est, dès sa conception, remplie de
l’Esprit Saint car Dieu " lui donne l’Esprit sans mesure " (Jn 3,
34). C’est de " sa plénitude " à lui, tête de l’humanité rachetée
(cf. Col 1, 18), que " nous avons reçu grâce sur grâce " (Jn 1, 16).
505
Jésus, le Nouvel Adam, inaugure par sa conception virginale la nouvelle
naissance des enfants d’adoption dans l’Esprit Saint par la foi. " Comment
cela se fera-t-il ? " (Lc 1, 34 ; cf. Jn 3, 9). La participation à la vie
divine ne vient pas " du sang, ni du vouloir de chair, ni du vouloir
d’homme, mais de Dieu " (Jn 1, 13). L’accueil de cette vie est virginal
car celle-ci est entièrement donnée par l’Esprit à l’homme. Le sens sponsal de
la vocation humaine par rapport à Dieu (cf. 2 Co 11, 2) est accompli
parfaitement dans la maternité virginale de Marie.
506
Marie est vierge parce que sa virginité est le signe de sa foi " que nul
doute n’altère " (LG 63) et de sa donation sans partage à la volonté de
Dieu (cf. 1 Co 7, 34-35). C’est sa foi qui lui donne de devenir la mère du
Sauveur : " Bienheureuse Marie, plus encore parce qu’elle a reçu la foi du
Christ que parce qu’Elle a conçu la chair du Christ " (S. Augustin, virg.
3 : PL 40, 398).
507
Marie est à la fois vierge et mère car elle est la figure et la plus parfaite
réalisation de l’Église (cf. LG 63) : " L’Église devient à son tour une
Mère, grâce à la parole de Dieu qu’elle reçoit dans la foi : par la prédication
en effet, et par le Baptême elle engendre, à une vie nouvelle et immortelle,
des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu. Elle est aussi vierge, ayant
donné à son Époux sa foi, qu’elle garde intègre et pure " (LG 64).
EN BREF
508 Dans la descendance d’Eve, Dieu a choisi la Vierge Marie pour être la Mère de son Fils. " Pleine de grâce ", elle est " le fruit le plus excellent de la Rédemption " (SC 103) : dès le premier instant de sa conception, elle est totalement préservée de la tache du péché originel et elle est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie.
509 Marie est vraiment " Mère de Dieu " puisqu’elle est la mère du Fils éternel de Dieu fait homme, qui est Dieu lui-même.
510 Marie " est restée Vierge en concevant son Fils, Vierge en l’enfantant, Vierge en le portant, Vierge en le nourrissant de son sein, Vierge toujours " (S. Augustin, serm. 186, 1 : PL 38, 999) : de tout son être elle est " la servante du Seigneur " (Lc 1, 38).
511 La Vierge Marie a " coopéré au salut des hommes avec sa foi et son obéissance libres " (LG 56). Elle a prononcé son oui " au nom de toute la nature humaine " (S. Thomas d’A., s. th. 3, 30, 1) : Par son obéissance, elle est devenue la nouvelle Eve, mère des vivants.
508 Dans la descendance d’Eve, Dieu a choisi la Vierge Marie pour être la Mère de son Fils. " Pleine de grâce ", elle est " le fruit le plus excellent de la Rédemption " (SC 103) : dès le premier instant de sa conception, elle est totalement préservée de la tache du péché originel et elle est restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie.
509 Marie est vraiment " Mère de Dieu " puisqu’elle est la mère du Fils éternel de Dieu fait homme, qui est Dieu lui-même.
510 Marie " est restée Vierge en concevant son Fils, Vierge en l’enfantant, Vierge en le portant, Vierge en le nourrissant de son sein, Vierge toujours " (S. Augustin, serm. 186, 1 : PL 38, 999) : de tout son être elle est " la servante du Seigneur " (Lc 1, 38).
511 La Vierge Marie a " coopéré au salut des hommes avec sa foi et son obéissance libres " (LG 56). Elle a prononcé son oui " au nom de toute la nature humaine " (S. Thomas d’A., s. th. 3, 30, 1) : Par son obéissance, elle est devenue la nouvelle Eve, mère des vivants.
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Mai,
le mois de la Vierge Marie
Mgr Laurent Ulrich nous propose une nouvelle catéchèse sur le thème de la
Vierge Marie.
Le mois de mai est consacré à une dévotion
particulière envers la Vierge Marie, selon une tradition catholique, on
l’appelle le « mois de Marie », et il se termine, le 31, par la fête de la
Visitation de Marie à Élisabeth. Lire la suite
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Les faux dévots de la Sainte Vierge
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
"Je trouve sept sortes de faux dévots et de
fausses dévotions à la Sainte Vierge, savoir : 1° les dévots critiques,
2° les dévots scrupuleux, 3° les dévots extérieurs,
4° les dévots présomptueux, 5° les dévots inconstants,
6° les dévots hypocrites, 7° les dévots intéressés.
Les dévots critiques sont,
pour l'ordinaire, des savants orgueilleux, des esprits forts et suffisants, qui
ont au fond quelque dévotion à la Sainte Vierge, mais qui critiquent presque
toutes les pratiques de piété que les gens simples rendent simplement et
saintement à cette bonne Mère, parce qu'elles ne reviennent pas à leur
fantaisie.
Ces sortes de faux dévots et de gens orgueilleux et
mondains sont beaucoup à craindre ; il font un tort infini à la dévotion à la
très Sainte Vierge, et en éloignent les peuples d'une manière déplorable, sous
prétexte d'en détruire les abus.
Les dévots scrupuleux sont des
gens qui craignent de déshonorer le Fils en honorant la Mère, d'abaisser l'un
en élevant l'autre. Ils ne sauraient souffrir qu'on donne à la Sainte Vierge
des louanges très justes, que lui ont données les saints Pères ; ils ne
souffrent qu'avec peine qu'il y ait plus de monde devant un autel de Marie que
devant le Saint-Sacrement, comme si l'un était contraire à l'autre ; comme si
ceux qui prient la Sainte Vierge ne priaient pas Jésus-Christ par elle !
Ils ne veulent pas qu'on parle si souvent de cette auguste Souveraine, qu'on
s'adresse si souvent à elle. (...)
Les dévots extérieurs sont des
personnes qui font consister en des pratiques extérieure toute leur piété
envers Marie ; qui ne goûte que l'extérieur de la dévotion à la très Sainte
Vierge, parce qu'ils n'ont point l'esprit intérieur ; qui diront force
chapelets à la hâte, entendront plusieurs messes sans attention, iront aux
processions sans dévotion, se mettront de toutes les confréries sans amender
leur vie, sans faire violence à leurs passions et sans imiter les vertus de
cette Vierge très sainte. Ils n'aiment que le sensible de la dévotion, sans en
goûter le solide ; s'ils n'ont pas des sensibilités dans leurs pratiques, ils
croient qu'ils ne font plus rien, ils se rétractent, ils quittent tout là où
ils font tout à bâtons rompus. Le monde est plein de ces sortes de dévots
extérieurs, et il n'y a pas de gens plus critiques des personnes d'oraison qui
s'appliquent à l'intérieur, comme à l'essentiel, sans mépriser l'extérieur de
modestie qui accompagne toujours la vraie dévotion.
Les dévots présomptueux sont
des pécheurs abandonnés à leurs passions, ou des amateurs du monde, qui sous le
beau nom de chrétien et de dévot à la Sainte Vierge, cachent ou l'orgueil, ou
l'avarice, ou l'impureté, ou l'ivrognerie, ou la colère ou le jurement, ou la
médisance, ou l'injustice, etc. ; qui dorment en paix dans leurs mauvaises
habitudes, sans se faire beaucoup de violence pour se corriger, sous prétexte
qu'ils sont dévots à la Sainte Vierge ; qui se promettent que Dieu leur
pardonnera ; qu'ils ne mourront pas sans confession, et qu'ils ne seront pas
damnés, parce qu'ils disent leur chapelet, parce qu'ils jeûnent le samedi,
parce qu'ils sont de la Confrérie du saint Rosaire ou du Scapulaire, ou de ses
autres congrégations ; parce qu'ils portent le petit habit ou la petite chaîne
de la Sainte Vierge, etc. Quand on leur dit que leur dévotion n'est qu'une
illusion du démon et qu'une présomption pernicieuse capable de les perdre, ils
ne veulent pas le croire : ils disent que Dieu est bon et miséricordieux ;
qu'il ne nous a pas faits pour nous damner ; qu'il n'y a homme qui ne pèche ;
qu'ils ne mourront point sans confession. (...)
Les dévots inconstants sont
ceux qui sont dévots à la Sainte Vierge par intervalles et par boutades :
tantôt ils sont fervents et tantôt tièdes, tantôt ils paraissent prêts de tout
faire pour son service, et puis, peu après, ils ne sont plus les mêmes. Ils
embrasseront d'abord toutes les dévotions de la Sainte Vierge ; ils se mettront
de ses confréries, et puis ils n'en pratiquent point les règles avec fidélité ;
ils changent comme la lune, et Marie les met sous ses pieds, avec le croissant,
parce qu'ils sont changeants et indignes d'être comptés parmi les serviteurs de
cette Vierge fidèle, qui ont la fidélité et la constance pour partage. (...)
Il y a encore de faux dévots à la Sainte Vierge, qui
sont des dévots hypocrites, qui couvrent leurs péchés et
leurs mauvaises habitudes sous le manteau de cette Vierge fidèle, afin de
passer aux yeux des hommes pour ce qu'ils ne sont pas.
Il y a encore les dévots intéressés,
qui ne recourent à la Sainte Vierge que pour gagner quelque procès, pour éviter
quelque péril, pour guérir d'une maladie, ou pour quelque autre besoin de cette
sorte, sans quoi ils l'oublieraient ; et les uns et les autres sont de faux
dévots, qui ne sont point de mise devant Dieu ni sa sainte Mère".
Source : http://missel.free.fr/
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