53. « La question de fond posée par le Palestinien chrétien, mais aussi par tout croyant en la Bible, est la suivante : la Bible, comme Parole de Dieu, donne-t-elle droit aujourd'hui au peuple juif de s'approprier la terre et d'en déposséder le peuple palestinien ?
Le Juif croyant, tout comme le peuple juif et l'Etat aussi, se trouve face à un dilemme. D'un côté, cette terre est pour lui sa Terre Sainte. Dieu l'a promise à Abraham et à sa descendance. Dans cette terre, le peuple juif retrouve aujourd'hui sa sécurité face aux nations qui l'ont persécuté dans sa diaspora. Pour lui, Dieu, Etat et terre sont le triangle de sa sécurité et de sa tranquillité.
De plus, elle est le berceau et le lieu des événements fondamentaux du Christianisme. Elle est sa Terre Sainte par excellence. Pour l'Islam aussi, elle est terre sainte. Elle est donc terre sainte pour tous les croyants, Juifs, Chrétiens et Musulmans. Pour chaque religion la terre est sainte pour plusieurs raisons. Une raison commune à toutes, bien que différemment interprétée selon les traditions propres à chaque religion, est la référence au même ancêtre, Abraham et à la foi en un même Dieu Un et Unique.
Deux peuples ont donc des droits politiques sur la même terre, et trois religions y ont leur histoire religieuse, et toutes sont la descendance physique ou spirituelle d'Abraham à qui Dieu a promis la terre. A qui donc appartient-elle au nom de la religion ?
Si l'une des trois religions réclamait aujourd'hui, au nom de la religion, un droit politique sur la terre, les deux autres auraient le droit d'en faire autant, pour la même raison. » - pp. 159-160
Fait religieux et fait politique
54. Au nom de la religion, chacune des trois religions a un droit égal de présence et d'accès à cette Terre Sainte, pour y pratiquer sa foi. Mais le droit politique pour l'une ou l'autre des trois religions, ou pour quiconque de leurs fidèles, dépend de l'action menée par les chefs politiques. Et celle-là est régie par le droit international. Si le facteur religieux intervient dans l'action politique –et il doit intervenir, car elle a une dimension éthique qui concerne la religion, la foi en Dieu et les droits de l'homme-, c'est pour rappeler à tous la nécessité de conformer l'action politique, de quelque partie que ce soit, aux valeurs religieuses proclamées par cette Terre Sainte. C'est pour leur dire aussi que tous sont fils du même père Abraham, qui les appelle donc à une réconciliation faite dans la justice requise par la foi en ce même père.
L'action politique ou militaire, en certaines périodes de l'Histoire sainte, fut attribuée directement à Dieu. Dieu était le dieu des armées. Il luttait avec ses fidèles pour défaire les païens. Dieu était immanent à l'histoire dans le cadre d'une vision anthropomorphique et nationale.
Aujourd'hui l'humanité est plus apte à percevoir la transcendance de Dieu. La parole de la foi est capable d'élever Dieu au-dessus des conflits humains, pour Le voir, tel qu'Il est, Dieu qui s'est choisi un peuple, mais qui est, en même temps, Père de toutes ses créatures humaines, et non plus un Dieu de guerre, ami d'un peuple, et luttant contre un autre peuple.
L'action politique ou militaire, en certaines périodes de l'Histoire sainte, fut attribuée directement à Dieu. Dieu était le dieu des armées. Il luttait avec ses fidèles pour défaire les païens. Dieu était immanent à l'histoire dans le cadre d'une vision anthropomorphique et nationale.
Aujourd'hui l'humanité est plus apte à percevoir la transcendance de Dieu. La parole de la foi est capable d'élever Dieu au-dessus des conflits humains, pour Le voir, tel qu'Il est, Dieu qui s'est choisi un peuple, mais qui est, en même temps, Père de toutes ses créatures humaines, et non plus un Dieu de guerre, ami d'un peuple, et luttant contre un autre peuple.
Si l'autorité politique veut prendre Dieu et Sa parole révélée comme référence en ce qui concerne le don de la terre, cela veut dire qu'elle doit se laisser guider, dans le conflit en cours, par les principes de morale contenus dans cette parole révélée. Principes qui se réfèrent à la justice de Dieu et à sa bonté à l'égard de tous les peuples, Lui qui ne peut pas consentir que son amour pour un peuple puisse se traduire par une injustice à l'égard d'un autre peuple. Or, il est bien difficile, pour tout croyant, de concilier les actes de violence auxquels sont contraintes les autorités politiques et militaires, avec les commandements de Dieu au Sinaï, avec Son amour et Sa justice pour tous les peuples, comme cela est proclamé par les Prophètes d'Israël.
C'est pourquoi il faut distinguer entre le fait religieux que représente le peuple juif, avec ses devoirs, ses obligations et ses responsabilités religieuses, et le fait politique d'un Etat moderne souverain que ce peuple arrive à réaliser.
C'est pourquoi il faut distinguer entre le fait religieux que représente le peuple juif, avec ses devoirs, ses obligations et ses responsabilités religieuses, et le fait politique d'un Etat moderne souverain que ce peuple arrive à réaliser.
Pour toutes les religions dans la Terre Sainte, la première valeur est l'adoration et l'amour de Dieu : « Tu aimeras Yahvé ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir » (Dt 6, 5) et « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18). A ces deux inséparables commandements « se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes » (cf. Mt 22, 40) ».
Le fait politique donc, quant à la dimension morale qu'il comporte nécessairement, reste soumis à la loi divine révélée dans la Bible. Mais le règlement des différends politiques entre les peuples, dont le droit sur la terre, est régi par le droit international. Le rôle de la religion, de toute religion, reste celui de modérateur et de guide, en ce qui concerne la valeur morale ou humaine de toute action politique. » - pp. 161-163
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Le fait politique donc, quant à la dimension morale qu'il comporte nécessairement, reste soumis à la loi divine révélée dans la Bible. Mais le règlement des différends politiques entre les peuples, dont le droit sur la terre, est régi par le droit international. Le rôle de la religion, de toute religion, reste celui de modérateur et de guide, en ce qui concerne la valeur morale ou humaine de toute action politique. » - pp. 161-163
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