Le Tentateur écrit à son neveu, diable apprenti, afin de lui dispenser quelques conseils pour faire pécher l’homme, son « client ».
Mon neveu,
Je suis
furieux ! Ce fichu canard de « Famille Chrét… » (beurk, ce mot me fait horreur)
vient de distribuer dans toutes les paroisses un supplément gratuit sur le
pardon. Damned ! Nous avions réussi à vider les confessionnaux et à éloigner
les cathos du sacrement de réconciliation grâce à quelques trouvailles comme «
le péché, c’est dépassé », « une invention de curé », « arrêtons de
culpabiliser », etc. Or voilà que ces minables journaleux nous glissent des
peaux de bananes car tu le sais : ma plus belle ruse est de faire croire que je
n’existe pas ; ou que j’existe là où je ne suis pas. Ce qui fait que les gens
s’accusent de ce dont ils ne sont pas coupables, et s’excusent de ce dont ils
sont pécheurs. Bref, c’est la confusion générale, et notre époque s’enfonce dans
une culpabilité gluante et un désespoir noir – j’adôôôre le désespoir, c’est un
joker d’enfer !
Permets-moi
donc, afin de contrer ces insolents, de te prodiguer quelques conseils
d’urgence : souffle à ton client que tout ne va pas trop mal dans sa vie, il
continuera à se satisfaire de sa médiocrité. Cultive en lui les tiédeurs, le
relâchement et surtout l’indifférence. Si jamais le désir d’aller se confesser
le démange, susurre-lui : « Tu iras demain ! » Ta première victoire, c’est de
retarder ce moment de vérité. Inspire-lui des « ça sert à rien, je répète les
mêmes choses », ou « j’ai trop honte », ou « ça fait si longtemps », ou « je
n’arrive pas à regretter », ou bien « je ne sais plus comment faire »…

Si jamais il
se décide à se rendre à l’église, utilise les embouteillages, les intempéries,
les grèves de métro. Ridiculise-le aussi : qu’il rencontre, en chemin, un ami
chrétien qui s’exclame : « Tu te crois au Moyen-Âge ? Moi je demande pardon
directement à Dieu ! » Car il faut beaucoup d’humilité pour se mettre à nu
devant un autre homme ; or je hais l’humilité, c’est l’humus, le terreau de la
sainteté.
Joue enfin sur
la peur de D.– enfin, celui dont je ne peux prononcer le nom sans me brûler la
langue et que je préfère surnommer CQFD (Celui Qu’il Faut Détruire) – : cette
peur est l’un des plus beaux héritages de ce péché premier et magnifique qui
fut mon chef d’œuvre.
Si ton client
finit par entrer dans cette fichue boîte à contrition, fais en sorte qu’il
tombe sur un prêtre grognon, colérique, ou qui lui fait la morale au lieu de
l’accueillir comme un père très aimant. Que son aveu reste général, et que le
prêtre évite les conseils concrets – comme ça, pas de résolutions précises,
c’est ce qui permet de progresser. Le but de la lutte, c’est qu’il se dise : «
Dieu ne pourra jamais me pardonner ». Oui, s’il désespère de la miséricorde,
son compte d’enfer sera dans le rouge pour toujours.
Mais ne
sous-estime pas CQFD : il est vraiment fort (en fait, il a déjà gagné, mais je
ne vais pas te le dire, tu désespèrerais). Il profite même du péché pour sauver
les pécheurs. De la misère à la miséricorde, il n’y a qu’une corde. En effet,
le péché coupe la corde qui unit l’homme à D., mais la grâce du pardon renoue
les deux bouts ; et grâce à ce nœud, la corde est moins longue, D. et l’homme
plus proches ? C’est mon supplice éternel…
Mon neveu, au
boulot, au fourneau !
Je te hais de
tout mon cœur et je t’encrasse très fort.
Cette
chronique est inspirée du livre La tactique du diable de l’écrivain C.S. LEWIS.
Elle a été rédigée par LUC ADRIAN, avec le père PASCAL IDE, auteur de Les sept péchés capitauxPartage ce message avec tes amis.
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+1 commentaire
Subtil
ça fait réfléchir!!
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